Phytosanitaires Stimuler le naturel pour réduire le chimique

Avec l'Inra, Végépolys propose un service inédit en France pour évaluer notamment la stimulation des défenses des plantes.

Le nouveau service lancé par le centre d'innovation et de transfert de technologie du pôle de compétitivité Végépolys a pour but d'évaluer, de caractériser et de développer des solutions innovantes de protection des cultures, dont font partie les SDP (stimulateurs de défense des plantes).Lorsqu'elles sont attaquées par un bioagresseur, elles disposent de trois catégories d'armes défensives : chimiques (émission d'antimicrobien ou d'insecticide naturels), physiques (renforcement des parois des tissus) et des signaux d'alerte envoyés dans l'ensemble de la plante. Les SDP permettent un déclenchement direct de cet arsenal défensif ou placent le végétal dans un état de veille favorable à l'activation de ces mécanismes en cas d'attaque ultérieure. À la manière d'un « vaccin », les SDP donnent la possibilité de lutter naturellement contre les agresseurs. En offrant une alternative à l'usage des pesticides, ils « marquent une avancée significative en faveur du respect du plan Ecophyto », précise Végépolys. Mais leur mode d'action reste à ce jour mal connu, leur efficacité sur le terrain aléatoire et il n'existe pas ou peu d'instruments pour évaluer leur capacité d'activation. D'où la collaboration avec l'Inra pour en savoir plus.

Potentiellement, 15 % du marché des pesticidesAu terme de cette collaboration, l'outil qPFD (pour Puce Faible Densité quantitative), mis au point et breveté par l'Inra, est proposé en exclusivité par Végépolys. Il a été créé pour déterminer rapidement le niveau d'induction, après application d'un SDP, de vingt-huit marqueurs répartis dans les trois catégories d'armes défensives de la plante. Il permettra d'accompagner les acteurs du végétal dans le choix des produits et leur intégration dans leurs systèmes de production, et de guider les entreprises de l'agrofourniture à tous les stades de leurs recherches, dans la conception de leurs futurs produits.Cet outil professionnel est d'ores et déjà opérationnel sur pommier : son développement est possible sur tous types de cultures en quelques mois. Pour déterminer la capacité de stimulation d'un produit, l'analyse complète (culture des plantes, application, prélèvement, extraction, analyse moléculaire et résultats) peut se faire sous un délai de trois mois environ.Selon Végépolys, le bio-contrôle européen devrait représenter - à l'horizon 2015-2020 - 15 % du marché des pesticides, soit un chiffre d'affaires estimé de 6 à 8 milliards de dollars.

Photo : Lorsqu'elles sont attaquées, les plantes disposent d'armes défensives, sortes de « vaccins naturels ». Les SDP (stimulateurs de défense des plantes) jouent sur cette capacité. ©Pascal Fayolle

P.F.